la culture du viol : qu’est-ce que c’est ?

la culture du viol : qu’est-ce que c’est ?

On entend beaucoup parler de la culture du viol. Par contre, on ne sait pas toujours très bien ce que c’est… L’expression fait le buzz, on la voit sur beaucoup de sites d’information, dans la bouche des politiciens… Mais au fond, qu’est-ce que c’est ? C’est un sujet important, car justement, il influence nos comportements. Aujourd’hui, on essaye de te donner un aperçu de ce qu’est la culture du viol.

 

Qu’est-ce que la culture du viol ?

La culture du viol, c’est la façon dont notre société perçoit le viol et aujourd’hui, celle-ci tend à le banaliser, à le dénigrer, voir à y inciter. Ce sont des préjugés que nous avons un peu tous sur le viol. Ce sont de petites phrases du genre « elle l’a un peu cherché », « elle est tellement moche, qui voudrait la violer ? » ou encore « il n’aurait jamais pu faire ça, je le connais », sans se rendre compte que la violence des propos véhiculés. À ce jour, très peu de victimes osent porter plainte (10 %) par peur d’affronter leur agresseur, d’être jugées et de devoir revivre leurs souffrances. Seuls 1,5 à 2 % des violeurs sont condamnés, ce qui prouve bien qu’il reste la plupart du temps impuni.

Mais commençons par le commencement, car cette culture du viol est aussi favorisée par la société hypersexualisée dans laquelle nous vivons.

 

Du cul, du cul, du cul partout !

Tu n’es pas sans ignorer que nous sommes dans une société dans laquelle les vecteurs de stimulis sexuels sont absolument partout. Pour ne donner que l’exemple le plus criant, les publicités sont remplies de femmes dénudées et de sous-entendus sexuels plus ou moins implicites. On y est habitués, mais il faut réaliser à quel point c’est agressif de se retrouver sans l’avoir voulu devant une image de femme dénudée, hyper-sexualisée et lascive au possible, surtout pour un mec. On ne peut même plus aller dans une pharmacie acheter de l’Aspirine sans tomber sur un panneau de pub pour un amincissant qui présente un corps nu rendu encore plus désirable par les bons soins de Photoshop. Est-ce que c’est vraiment nécessaire ? Est-ce que ça a même un rapport avec l’objet de la pub ? Non, c’est simplement fait pour attirer, et on utilise le sexe comme un outil dans cette perspective.

Qu’on soit clair, même si on est bien obligés de s’y habituer, ce genre de chose ne laisse pas un mec indifférent. Même s’il ne se dit pas sur le coup « elle me rend dingue la nana sur la pub », c’est l’inconscient qui mange. Emmagasiner tous les jours des dizaines d’images du genre, ça crée une tension sexuelle sous-jacente symptomatique de notre monde dans lequel le porno se consomme en masse, et dans lequel le plan cul devient un des modèles de relation les plus populaires. Cela tend à objectifier le corps de la femme, tandis que l’homme est constamment en proie à ses pulsions. Tout le monde est perdant finalement, sauf ceux à qui cette sexualisation profite.

 

La dédiabolisation du viol

Ensuite, la culture du viol se développe aussi dans la déculpabilisation du violeur, la minimisation du viol et le cloisonnement de celui-ci.

Le cliché du scénario du viol :

La culture du viol essaye de ramener le viol au scénario tristement cliché du gars qui emmène une femme dans une petite ruelle sombre, la menace avec une arme et la viole, puis la laisse en état de choc et se barre le plus vite possible. La culture du viol te fait croire qu’il n’existe pas d’autres scénarios que celui-ci. Cela suppose que l’agresseur est nécessairement un inconnu et qu’il a recours à la violence, ce qui est très, très loin d’être toujours le cas.

Pour rappel, « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol. » Article 222.23 du Code pénal. Que ça ait lieu dans une ruelle sombre, dans une boîte de nuit, ou dans un appartement, on s’en fiche complètement. Un viol, ça peut avoir lieu n’importe où. Et être commis par n’importe qui. Le stéréotype du mec avec une capuche et les mains tremblantes qui suit une femme dans la rue pour la coincer quelque part où personne ne pourra lui venir en aide, ce n’est pas le scénario qui définit le viol. Dans les faits, 74 % des viols sont commis par des personnes connues de la victime, que ce soit un membre de la famille, un ami, le copain… Il n’y a pas de « vrai viol » ou de « faux viol.

Le viol est un acte sexuel non consenti. À partir du moment où une personne dit “non”, même si la victime ne se débat pas et qu’elle ne se fait pas agresser, il s’agit bien d’un viol. Certaines victimes n’ont parfois pas vraiment conscience de se faire violer sur l’instant justement, car leur situation ne rentre pas dans le stéréotype, c’est quand elles en parleront ensuite parce qu’elles l’ont mal vécu et qu’elles se posent des questions qu’elles comprendront. Tout comme certains violeurs pensent que les femmes disent “non” pour la forme, pour faire bien alors qu’en réalité elles en meurent d’envie. Non plus ! Si une personne dit “non”, c’est tout simplement qu’elle ne veut pas, peu importe ses raisons. Et si elle est bourrée et qu’elle n’est pas en mesure de donner son consentement voire inconsciente, c’est également un viol. Sorry Guys ! Penser que vous arriverez à mieux serrer une nana, car vous la faites boire est là encore, un bel exemple de la culture du viol dans laquelle on baigne.

 

La déculpabilisation du violeur :

Ensuite, il y a l’incrimination des victimes. Ça consiste à dire que le viol peut être provoqué et même un peu cherché par la fille. Ben oui tu comprends, si elle est habillée avec un décolleté et une jupe courte, qu’elle met du maquillage et qu’elle se parfume, c’est bien qu’elle en a envie… Tu vois où ça veut en venir ? Dédramatiser le viol, le rendre presque acceptable, induire qu’il n’est pas totalement subi à partir du moment où il n’est pas perpétré sous menace physique… Et dire que la victime est également en faute de ce qui lui est arrivé !

On pense à tort que ce sont aux femmes de faire attention. Être prudente oui, mais pouvons-nous vraiment nous empêcher de vivre pour le bon plaisir des hommes ? Ne pas porter de robe, ne pas danser avec un garçon parce qu’“ô horreur”, c’est provoquant, ne pas accepter une invitation à dîner, car cela signifie forcément qu’on veut coucher, ne pas boire avec ses potes, car on ne sait jamais qu’un mec en profite pour vouloir nous sauter ? C’est aux personnes en face d’être en mesure de se contrôler, pas aux filles de formater leur vie pour éviter le viol.

L’autre chose qui arrive, c’est qu’on a tendance à ne pas croire la victime, surtout si on ne la connaît pas. N’as-tu jamais pensé face à une affaire de viol, quand l’accusé est une star que tu apprécies que celle qui a porté plainte racontait des craques ? C’est tellement “gros”, ça paraît tellement “énorme” que non, on n’y croit pas. Dans notre esprit, le viol est commis par des personnes forcément mauvaises qui ont un problème psychologique et il n’est pas toléré. Dans la réalité, 90 % des violeurs n’ont pas de pathologie mentale.

Les abus sexuels sont beaucoup plus fréquents qu’on ne le croit, ce n’est pas quelque chose de “rare”. 1 femme sur 10 est susceptible de se faire violer au cours de sa vie, ce qui signifie que tu connais potentiellement une personne qui en a été victime, même si tu ne le sais pas forcément.

Autre chose importante dont il faut parler, c’est qu’on oublie souvent de rappeler que le viol peut également être commis par une femme (ou un homme envers un autre homme). Sous prétexte qu’un homme a une érection, on pense forcément qu’il est consentant. On lui rirait presque au nez : “non, mais mec, comment tu peux dire que tu t’es fait violer alors que tu bandais ?” Alors je vous apprends qu’il s’agit d’une réaction mécanique du corps, tout comme la femme peut mouiller. Ce n’est pas parce que le corps se montre réceptif aux caresses que les victimes le sont ou même prennent du plaisir, car dans le viol on oublie une composante importante et primordiale qui est l’esprit.

 

Ce qu’il faut retenir, c’est que nous sommes pleins de préjugés sur le viol ; et que la culture du viol appuie et utilise ces clichés. Il se peut également que le violeur ne se rende même pas compte que ce qu’il fait est un violC’est bien là le plus vicieux, car en étant informé il pourrait largement être évité. La culture du viol représente un vrai danger, puisqu’elle en donne une fausse idée, et tente de minimiser autant ses occurrences que son importance, alors en être bien informé est le meilleur moyen pour ne pas y participer.

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