Le fantasme du partenaire sexuel qui ne dit jamais non, ce n’est pas une idée nouvelle. Déjà le sujet avait été traité dans des œuvres comme Cloud Atlas, Ultimate Game ou Le Meilleur des Mondes. Des personnes programmées qui ne peuvent refuser de nous satisfaire sexuellement. Mais comme employer des humains pour ce genre de chose en 2017 c’est encore un peu chaud, on va plutôt partir sur des robots pour l’instant. C’est dans cette optique qu’a été développée Harmony, le premier robot sexuel, en Californie qui sera mis en vente à la fin de cette année.
Harmony, c’est un robot calqué sur les actrices pornos. Une plastique parfaite (c’est le cas de le dire), une intelligence artificielle qui lui permet d’interagir et de parler de manière crédible, des organes sexuels parfaitement modélisés, et évidemment une absence totale de réticence à aller faire des galipettes. Le concepteur du projet explique qu’il a pensé ce robot pour les gens qui n’arrivent pas ou on du mal à créer des liens sociaux avec de véritables personnes et se sentent frustrés sexuellement. Donc si tu galères à trouver une fille, tu débourses 15 000 $ et tu te retrouves avec une actrice porno en plastique dans ton lit.
On ne va pas se mentir, c’est clairement catastrophique d’en arriver là, et ce pour plusieurs raisons. Déjà parce que si tu es quelqu’un de difficilement sociable, te rabattre sur ce genre de produit est une fuite et non une solution. Ça va au contraire enfermer la personne, qui va se replier sur son plaisir avec sa poupée gonflable 2.0 plutôt que d’essayer de combattre son problème. Mais ça, c’est encore le plus petit des problèmes.
Le vrai gros problème, c’est que si ces robots ont du succès et se répandent, et que beaucoup de personnes s’habituent à avoir une partenaire sexuelle qui n’oppose jamais de refus, tu peux être sûr qu’une mentalité très malsaine va se développer. L’idée qu’une femme puisse refuser un rapport sexuel ou ne pas avoir envie sera difficilement acceptable. Déjà qu’actuellement entre la culture du viol et la zone grise, ce n’est pas simple alors dans quelques années… Ce serait la porte ouverte à plus de violences et de viols envers les femmes. Quand on s’habitue à ne jamais s’entendre dire « non », on s’y accoutume et on n’envisage même plus que l’autre puisse ne pas être d’accord.
Ce robot devient donc potentiellement dangereux, en plus d’être franchement discutable du point de vue éthique. On peut essayer d’imaginer les dérives qui pourraient émaner d’une invention comme celle-ci. Par exemple, si on part du principe qu’un robot n’a pas de conscience et ne peut pas souffrir, qu’est-ce qui empêcherait la vente dans vingt ou trente ans de robot-enfants pour pallier les pulsions pédophiles ?
C’est déjà dérangeant en soi de considérer qu’on puisse remplacer une personne par un assemblage de plastique et de technologie, alors si en plus on envisage ce qu’il pourrait apporter comme « innovation » dans le futur, ça devient vraiment angoissant… On ne parle même pas de l’image de la femme que renvoie ce robot. On vit déjà dans un monde où les repères affectifs et sexuels sont chamboulés par la pornographie qui nous montre toutes les femmes comme des animaux en chaleur, alors si en plus on construit des robots sur ce modèle…
Cette invention géniale était à prévoir. C’était le genre de personnages qu’on pouvait rencontrer dans des romans/films SF, mais cette fois, ça y est, on y est et ça n’a vraiment rien d’amusant. Il serait peut-être temps de réinjecter une dose d’éthique dans l’innovation, non ?