Le porno m’apprend-t-il à aimer ?

Le porno m’apprend-t-il à aimer ?

Thomas, étudiant de 18 ans, sportif à ses heures, sociable et plutôt bon vivant ne décroche plus de son ordinateur depuis plusieurs mois et organise tout son emploi du temps pour se visionner des séries X dès qu’il est seul. Quant à Alexandre, lycéen, il dit se détendre régulièrement en matant des films pornos entre potes. Jules, 11 ans, vient d’avouer son aventure de l’après-midi, il était censé préparer un exposé sur les volcans et de clique en clique, il a découvert d’autres gouffres aussi brûlants : des images pornographiques.

Eh oui, impossible d’y échapper, des personnes de toute catégorie, jeunes, ados, adultes célibataires ou mariés, des hommes en majorité, mais aussi des femmes, viennent consulter ces images pornographiques. Mais au fond dans quel but ? Ces images vont-elles me permettre de m’initier à la sexualité ? Le porno m’apprend-t-il à aimer ?

 

Petit tour d’horizon sur ce qu’est un film porno :

Même si les filles en regardent aussi, les films pornos sont avant tout faits pour la masturbation masculine. C’est un modèle d’excitation immédiate, au détriment d’une sexualité vécue au sein d’une relation amoureuse. Ils montrent bien souvent des hommes inépuisables ayant un sexe taille XXL et des femmes refaites dont les formes ne reflètent pas celles de la réalité. Ils occultent toute relation amoureuse et tendresse, ainsi, il n’existe pas d’images de visages exprimant le sentiment amoureux. La sexualité y est présentée comme un terrain de jeu et non plus comme l’expression d’une relation amoureuse et la femme y est considérée comme un objet de plaisir.

Dans un porno, il n’y a ni scénario ni narration, juste des passages à l’acte. Bref, tout cela « je le sais » me diras-tu et « au fond peu importe puisque je sais que ce n’est pas la réalité, si ça me détend… »

 

Pas si anodin :

Les films pornos t’initient d’une certaine manière sexualité, mais le souci, c’est qu’ils le font mal. Alors si tu t’imagines que c’est un peu comme un tuto avant de passer à l’acte, tu fais fausse route car ils ne vont pas t’apprendre à aimer, ni à coucher.

En revanche, ces films envoient des signaux tellement forts que dans la vraie vie, qu’il est difficile de les retrouver – et on ne te parle pas des positions là, mais des effets que ces images te procurent. Tu peux devenir obsédé(e) cherchant alors de très fortes stimulations pour éprouver du désir. En gros, plus tu mates du hard, plus il te faut du porno encore plus hard pour être excité. Comme avec l’alcool, il y a une sorte d’accoutumance.

 

Le porno dans ton lit :

Ces images s’impriment dans ton cerveau et tu ne peux appuyer sur la touche « échap» comme sur ton clavier d’ordinateur pour les supprimer. Tu finis par regarder uniquement le corps d’une personne et non plus la personne tout  entière, la réduisant à un corps, objet de plaisir. Tu te coupes de tes émotions et du réel pour trouver un plaisir immédiat avec des images pornographiques. Tu es dans le « tais-toi et jouis » mais ton affect est paralysé.

Quant aux filles, elles intègrent ce modèle et se plient à des pratiques sexuelles imposées par leur copain, de peur de ne pas être à la hauteur, mais qui les entraînent dans une sexualité dégradante. Elles le font parce qu’elles le voient, parce que leur copain le leur demande, parce qu’elles pensent leur faire plaisir de cette façon, sauf que toutes ces pratiques ne sont pas une norme. Les vidéos te créer des désirs, indépendamment des tiens et qui parfois ne te correspondent pas. Alors si tu penses que ce n’est pas normal que tu n’aimes pas faire une fellation, bonne nouvelle : il n’y a pas de règle ! La seule règle qui existe concerne le consentement : ce que tu acceptes de faire et ce que tu n’acceptes pas.

On ne devient pas forcément dépendant de ces images, mais sache que dans les services d’addictologie, l’addiction à la pornographie est un motif de consultation qui devient de plus en plus fréquent. Et qui te dit que tu sauras gérer mieux qu’un autre ? On n’est pas forcément dépendant, mais tout de même, on connaît tous un fumeur qui ne fume qu’en soirées. Il ne se considère pas comme fumeur, il jure depuis des mois de pouvoir s’arrêter quand il veut et pourtant, dès qu’il est en soirée, il ne peut pas s’empêcher de taxer des clopes.

 

Alors addict ou non ?

Tu le vois ces films ne reflétant pas la réalité de la sexualité, entraînant isolement, mauvaise image de soi, regard faussé sur l’autre. Ce ne sont pas des modèles qui peuvent t’apprendre à aimer, mais au contraire ils t’écartent des sentiments amoureux. Tu peux devenir à la fois épuisé et tiraillé par la culpabilité et la honte de ne pas arriver à « gérer ». Des troubles du sommeil et troubles alimentaires peuvent subvenir.

 

À trop se connecter au porno, on se déconnecte de l’amour. La sexualité, riche pulsion de vie perd alors de son sens relationnel et n’est plus que performances et techniques.

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