La sérophobie, vraiment ?

La sérophobie, vraiment ?

Les moqueries sont courantes dans les cours d’école, des remarques racistes, en passant par les paroles à caractère homophobe du style “sale PD”. Parce qu’on pense qu’un tel n’est pas dans la norme. C’est moche ! Si aujourd’hui, notre société s’évertue à lutter contre ce genre de comportement, il y a une autre forme de discrimination dont on parle assez peu, c’est la sérophobie ! La sérophobie, vraiment ?

 

La sérophobie, c’est quoi ?

Tu as l’impression d’y être moins confronté parce que tu le subis pas, pourtant la sérophobie existe bel et bien. Il s’agit de la peur du sida. Ce sont des comportements ou des paroles discriminantes envers une personne séropositive. Ça te paraît insensé ? Essaye d’imaginer : t’es au pieu avec un mec/une meuf et il/elle t’annonce qu’il/elle a le sida. Voudras-tu toujours baiser avec elle/lui ? Pas sûr… Même chose : imagine, quelqu’un dans ton lycée a le VIH, tu ne le connais pas trop, quelle réaction aurais-tu ? De la pitié ? T’aurais pas envie de trainer avec lui ou qu’il t’approche de peur qu’il te contamine ? Voilà, ça y est, tu es sérophobe. Ça craint, hein ?

 

Rejet social :

sérophobie

Selon l’étude “VIH, hépatites et vous” menée par AIDES, les séropositifs se sentent rejetés socialement, d’abord dans leur relation amoureuse et/ou sexuelle, mais aussi dans l’entourage personnel. Une situation difficile à accepter, puisque cela touche à l’affect, aux relations proches et intimes. De ce fait, cela contribue à l’isolement de ces personnes, alors qu’au contraire, elles auraient davantage besoin d’être comprises et épaulées.

 

Pourquoi avons-nous des réactions sérophobes ?

Si nous pouvons agir de façon discriminante envers un séropositif, c’est parce que nous connaissons mal le virus du Sida. Peut-être penses-tu que le virus va te sauter au visage, comme ça, sans prévenir, mais non… Pas si tu sais comment il se transmet. Alors remettons, un peu les pendules à l’heure pour te désensibiliser. Le virus du sida se transmet par un rapport sexuel ou par le sang, autrement dit si tu touches quelqu’un porteur de virus, tu ne peux pas l’attraper, même chose si tu l’embrasses.

Si on ne guérit pas du sida, en revanche, la recherche a suffisamment avancé pour que les traitements soient d’une grande efficacité. Si le VIH est détecté suffisamment tôt, après plusieurs mois le virus n’est plus détectable ni dans le sang ni dans les sécrétions sexuelles. Selon l’association AIDES “ “En France 86 % des personnes séropositives dépistées et traitées sont en charge virale indétectable.” Alors oui bien sûr, il faut se protéger lors d’un rapport sexuel, mais j’ai envie de dire comme systématiquement quand vous rencontrez une nouvelle personne. Sache que tu prends certainement moins de risque en couchant avec un séropositif qui est sous traitement depuis longtemps, qu’avec un séropositif qui s’ignore (c’est-à-dire potentiellement toutes les personnes qui n’ont pas fait de test VIH récent). Pourquoi ? Parce qu’elle a conscience de son état, qu’elle est prise en charge, qu’elle n’adoptera pas de comportements à risque et qu’elle a un traitement adapté.

 

Peur des séropositifs, mais pas du sida ?

Quand on pense au virus du sida, on se dit qu’à nous, ça ne peut pas nous arriver. Que “le faire une fois sans préservatif, c’est pas la mort.” “Puisqu’il y a un traitement, c’est bon, je suis safe, au pire si je l’ai, je n’aurai qu’un cachet à prendre.” Nous adoptons des comportements à risque, alors qu’à côté de ça, il nous arrive parfois d’avoir des comportements sérophobes. Ccomplètement contradictoire…

Il semblerait que nous craignons plus les personnes ayant le VIH, que le VIH lui-même. Cela s’explique par le fait que nous n’avons pas pleinement conscience du virus tant que celui-ci n’est pas visible. Les personnes séropositives nous rappellent à la réalité de cette maladie : le choc, le traitement ET le rejet social. C’est aussi la raison pour laquelle nous sommes flippé de nous rendre dans un labo d’analyse pour effectuer le test. Nous avons peur du résultat, peur de la réaction des gens s’il s’avérait que nous étions positifs. Nous préférons ne pas savoir… Ce qui est, on le rappelle, dangereux !

La sérophobie est déclenchée parce que nous associons une personne au virus. C’est faire un grave amalgame, puisqu’on ne voit plus la personne en tant que telle, mais le virus, comme s’il s’était matérialisé. Ils sont alors perçus comme des personnes qui transmettent le virus, mais on a tendance à oublier qu’ils sont d’abord victimes.

 

Comment ne plus être sérophobe ?

Pour éviter de participer à la sérophobie, il faut pouvoir se mettre à la place des séropositifs, en se demandant : “et si, ça m’arrivait ?”. Le fait d’être empathique, permets d’être plus tolérant et de rentrer dans la démarche de comprendre la personne, plutôt que de la dénigrer gratuitement. Sois respectueux envers eux, comme envers n’importe qui. Si un de tes potes vient d’apprendre sa séropositivité, tu peux l’épauler en lui proposer de l’écouter. Pour lutter contre la sérophobie, tu peux aussi te rendre sur le site stopserophobie.

Les séropositifs souffrent de notre ignorance, alors que nous aurions beaucoup à apprendre d’eux.

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