L’adolescence c’est le moment des grands changements et des découvertes. Une période parfois plus difficile que la normale lorsqu’on se rend compte qu’on a une sexualité “hors norme”. Interrogations, doutes, expériences, ce sont quelques unes des différentes étapes avant de pouvoir accepter, ou non, que l’on est homosexuel(le). Et par la suite faire son coming-out auprès de ses proches, famille et amis, et (enfin) assumer.
Aujourd’hui, journée internationale du coming-out, Emma, 16 ans, a accepté de partager son témoignage :
“Je suis Lesbienne ?
Je devais avoir 13 ans quand je me suis posée cette question pour la première fois. Je me souviens que ça m’avait beaucoup perturbée. Je pouvais passer des heures à réfléchir ou plutôt à m’inquiéter par rapport à ça : « Est-ce que j’aime les filles ? Nan c’est pas possible. Je suis une fille, je dois aimer les garçons ! Nan je ne suis pas lesbienne, évidemment que non ».
Pourquoi je me posais ces questions ? Et bien parce que je regardais les filles à un âge où les filles commençaient à regarder les garçons. Pour moi, à cette époque ce n’était pas normal de faire ça. J’ai perdu énormément confiance en moi, je doutais d’absolument tout ! Je me suis donc dit pour me rassurer : « si ça se trouve je suis bisexuelle ». J’ai gardé cette idée en tête pendant pas mal de temps (quasiment un an), me cachant derrière l’étiquette « mais nan bi, c’est pas gay ». J’ai eu un petit copain pendant 8 mois, j’étais très amoureuse de lui, tout en me disant que j’étais bisexuelle. Et après tout peut être que je l’étais, on évolue dans la prise de conscience de sa sexualité. J’ai fait une expérience et ça n’a pas marché mais on est jeunes, c’est pas grave.
Mais je me posais toujours cette question « est-ce que je suis lesbienne ? » J’ai mis entre parenthèse ma vie affective pendant quelques mois, pour être sûre de ce que je voulais. Et là… au moment où je m’y attendais le moins je suis tombée amoureuse d’une fille ! Ça ne m’arrangeait vraiment pas dans mes réflexions, mais d’un autre côté ça a tout résolu. En regardant cette fille je ne pouvais que me rendre à l’évidence, j’étais gay ! (Ça aurait pu aussi me montrer que j’étais bi, mais je savais, au fond de moi ce que j’étais et j’avais décidé de ne plus me cacher). Un soir, j’ai embrassé cette fille et là je n’en ai jamais été aussi sûre de toute ma vie ! Malheureusement cette fille n’a jamais été ma copine (elle a déménagé). Mais paradoxalement à partir de ce moment-là tout a commencé à aller mieux.
Je me suis pas mal documentée sur Internet pour voir si j’étais la seule dans ce cas-là et la réponse est : NON ! Bien évidemment non ! Internet est quelque chose qui m’a beaucoup aidé à m’accepter, car il me montrait que j’étais normale. Il y avait des tas d’autres gens comme moi, peut-être toi qui lis ce témoignage ! Il y a beaucoup de vidéo sur YouTube qui en parlent (bien mieux que moi, n’hésite pas à aller voir) et c’est comme ça que j’ai découvert le monde MAGIQUE de la communauté LGBT+ (Lesbienne, Gay, Bi, et Trans) mais bon… Il faut faire très attention parce que ce mouvement est largement représenté par des extrémistes qui donnent une mauvaise image de cette cause (comme pour le féminisme et le veganisme par exemple, alors qu’il y a des tas de gens de la communauté LGBT+ qui sont très gentils, il faut aussi avoir un certain regard critique par rapport à ce que l’on voit sur Internet).
Aujourd’hui, j’ai 16 ans et je suis convaincue à 100 % d’être homosexuelle. J’ai fait mon coming-out à quelques amis, mais pas à tous, parce que j’estime qu’ils n’ont pas tous à le savoir. Je ne ressens pas le besoin de le dire à tout le monde parce que oui, je suis gay. Mais ce n’est qu’une de mes caractéristiques, comme le fait que je sois brune, droitière, ou que j’aime la guitare. Je suis gay mais je suis avant tout Emma ! Je ne l’ai pas encore dit à ma famille, mais ça viendra progressivement. Je me donne encore un peu de temps.
J’aurai pu dire encore plein de choses, comme le fait que des films, ou des séries, qui mettent en scène des personnages homosexuels m’ont aussi bien aidé. Pour ne citer que les meilleurs : Orange is the New Black et The L Word pour les séries et les films : Les amours imaginaires de Dolan, Philadelphia de Demme et La vie d’Adèle de Kechiche (même si j’ai pas aimé le film. Mais j’estime avoir tout dit ! Alors toi qui lis ce témoignage n’oublie pas que tu es unique, que tu es génial(e), et que « Love is Love » !”