Une instagrameuse raconte l’histoire de son avortement en 26 posts

Une instagrameuse raconte l’histoire de son avortement en 26 posts

L’histoire se propage. Elle fait le buzz, comme s’il s’agissait d’une nouveauté ou d’un projet audacieux. Ce ne l’est pas. 1 femme sur 3 se fait avorter et Clara Lalix alias “jeboisdescafesetjemefaisavorter” est de celle-là, comme Claire qui a déjà témoigné pour Afterbaiz. Des femmes qui parlent de l’avortement, il y en a eu d’autres, mais peut-être certainement pas assez pour raconter ce qu’il se passe vraiment.

 

Ce qui est audacieux, c’est la forme que Clara Lalix donne à son récit. Ce n’est pas un article, ce sont 26 posts Instagram. Elle détourne la plateforme de photo pour en faire un livre, où chaque post serait un nouveau chapitre ou une nouvelle page. Tout a été prévu ! Alors que le dernier post est censé, arrivé en premier, du plus récent au plus ancien, le premier post est la première page de cette histoire. On défile les images et on dévore ce mini livre. C’est bien écrit, un brin cynique, décomplexé, franc. Clara Lalix n’écrit pas pour faire joli, elle écrit ce qu’il y a au fond de ses tripes sur ce foetus qu’elle a expulsé, parce qu’elle a besoin de “l’accoucher”. Elle fait le parallèle entre le fait qu’elle est enceinte et son histoire d’amour. Elle fait le parallèle entre cette sensation de vide à la fois physique et morale quand tout se termine. Métaphore de l’avortement.

Clara a utilisé une justesse de ton qui permet de mettre tout le monde d’accord, parce qu’elle évoque le droit à l’avortement, mais aussi la souffrance qui en découle. Elle n’en voulait vraiment pas de cet enfant, peut-être même qu’elle n’en voudra jamais d’ailleurs, pourtant elle a souffert, ça été difficile et elle invente même son acronyme bien à elle “IGI” qui signifie “interruption de grossesse involontaire”.

“(L’avortement) est tabou parce que coupable. On n’a pas choisi les fissures anales, on a choisi l’avortement. Et puisque c’est un choix, on ne va pas non plus en faire « toute une histoire ». Mon projet partait de l’envie d’en faire toute une histoire justement.”

 

13. Dimanche 29 mai Je passe le week-end avec Hugues. Le dimanche après-midi, nous marchons vers le parc de la Villette et tout à coup, la nausée. Pas celle de Sartre. – Ca va ? On s’arrête un moment si tu veux, viens, assieds toi. Je me sens mal, je vais vomir. J’ai envie de me sentir mieux et vite. À ce moment là, je n’ai peur que d’une chose : que cette grossesse involontaire m’empêche de profiter de lui, de ça. Une partie de moi ne veut pas qu’il sache, une partie de moi aimerait qu’il devine, une autre le méprise de ne pas s’en douter. Ce matin, ne me touche pas les seins, ils me font mal… Ils sont énormes. Et cet après-midi, cette nausée. Aucune partie de moi ne peut lui dire. Le soir à la gare du Nord, je m’accroche à son cou. Je m’accroche à lui. En rentrant, je pleure pour la première fois. #Villette #VilletteSonique #nausée #nausee #Sartre #parc #vomir #vomi #GareduNord #pleurer #Printemps #Paris18 #avortement #choix #histoire #droits #temoignage #recit #vie #ecrire #mots #textes #touteunehistoire #instalivre #lire #raconter

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