La zone grise : la peur de dire non !

La zone grise : la peur de dire non !

Il est 23 h. Tu es chez toi, tu passes la soirée tranquille avec ton copain. Lui commence à se tortiller un peu, à te faire des bisous un peu insistants, il a les mains de plus en plus baladeuses… Oui, mais ce soir, tu n’as pas envie. Pas que tu n’ais plus envie de lui d’une manière générale, mais ce soir non, tu préférerais te coucher peinard et pioncer. Sauf que monsieur a d’autres idées en tête. Tu ne sais pas trop quoi faire… D’un côté, tu n’as vraiment pas envie de sexe ce soir, de l’autre, tu sens qu’il va être déçu si vous ne faites rien.

 

« Je n’ai pas envie, mais… »

Voilà. La zone grise, ça commence ici. C’est le non-consentement non formulé. Du coup, ça crée un flou, un entre-deux pas trop défini qui constitue un angle mort de la justice. Ben oui, imagine ce qu’il se passe si tu cèdes aux avances de ton copain alors que tu n’en avais pas envie à la base. Vous couchez ensemble, lui est content, toi pas puisque tu le fais QUE pour lui faire plaisir. Sauf que tu n’étais pas d’accord à la base. Juridiquement, on ne peut pas clairement appeler ça un viol, puisqu’il n’y a pas eu « d’acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d’autrui par violence, menace, contrainte ou surprise » (loi 222-23). Mais dans les faits, c’est un acte sexuel qui a eu lieu sans le consentement d’un des partenaires, même si le refus n’a pas été clairement exprimé.

 

Zone grise, alerte rouge !

La conséquence grave de cette zone grise, c’est que beaucoup, vraiment beaucoup de filles, en viennent à avoir des relations sexuelles sans l’avoir voulu, à cause d’un « non » qui n’a pas été prononcé et qui reste coincé dans leur gorge. Une fille qui a cédé peut pour le coup le ressentir comme un viol. La zone grise peut causer des blessures vraiment profondes, qui prendront du temps à guérir, et qui peuvent bouleverser la vie de quelqu’un. On ne sait plus bien si le viol a lieu, si la justice le considère comme tel…

Par contre si le type t’a harcelé jusqu’à obtenir ce qu’il voulait, là la justice peut intervenir. En soi, tu as cédé et « accepté », mais uniquement parce qu’il t’a mis la pression. Sur le moment, c’était la seule issue que tu voyais pour qu’il te foute la paix. La justice punit ce genre de cas, et considère qu’il y a eu harcèlement. C‘est important à savoir, parce qu’il y a un recours dans ce genre de circonstance. Ça peut permettre aux filles qui ont connu cette situation de ne pas se retrouver démunies.

La zone grise est large, et peut concerner n’importe qui. Pour éviter que tu te retrouves dans la situation de la relation sexuelle dont tu n’as pas envie, mais à laquelle tu as cédé, on te donne quelques conseils. Tout d’abord, le « non ». Celui-là, il faut le sortir clairement et bien fermement quand le gars commence à te chauffer et que tu n’as pas envie. Tu lui envoies ce grand refus à la figure. Comme ça au moins c’est clair. Que ce soit ton copain, un inconnu rencontré en soirée, un pote… Non, c’est non.

 

Tu ne dois rien à personne

Beaucoup de filles n’osent pas le dire, par peur que leur copain le prenne mal ou par peur de le décevoir. Elles pensent qu’elles ne peuvent pas vraiment refuser une relation sexuelle à leur copain, comme un genre de « devoir conjugal ». En fait, tu n’as d’obligation envers personne. Si tu te forces à coucher de peur que le mec ou la fille ne s’intéresse plus à toi ou si tu penses que parce que c’est ton mec tu dois satisfaire ses besoins, sache que ce n’est pas la bonne attitude à adopter. Si tu n’es pas prête, que t’as envie d’attendre et même si tu as envie de lui, mais que ce n’est pas le bon moment, tu as droit de le dire. Non, en fait TU DOIS le dire. Une personne qui s’intéresse à toi/t’aime sincèrement, ne va pas couper les ponts ou te quitter sous prétexte que « ce soir, tu n’as pas eu envie ». À moins que ce mec/cette fille avait seulement envie de coucher avec toi sans approfondir une éventuelle relation, mais ça, c’est une autre histoire… Si ça peut t’éviter de t’enticher d’un boloss

Même si vous avez commencé et que tu veux arrêter en cours de route, ça ne change rien, c’est stop direct. À partir du moment où tu retires ton consentement, le gars doit s’arrêter aussi. Tu ne dois jamais une relation sexuelle à qui que ce soit. Et si le type continue, tu peux carrément lui envoyer l’article de loi 222-23 à la gueule. Il est court, facile à retenir, et ça le calmera direct.

 

La zone grise est une situation trouble, qui peut potentiellement finir en ce qui sera ressenti comme un viol pour la fille, mais qui ne sera pas considéré comme tel par la justice. On ne souhaite ça à personne, et surtout pas à toi. Retiens bien que si tu n’as pas envie, RIEN ne donne à quiconque le droit de te forcer à coucher. Et ça, ça se manifeste par le « non » que tu dois faire retentir clairement quand tu n’as pas envie.

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