Aujourd’hui, ça paraît évident : si on ne veut pas tomber enceinte, on prend un contraceptif. En plus, il en existe un paquet ! Mais comme tu peux t’en douter, les femmes n’ont pas attendu l’arrivée de la pilule pour chercher à contrôler leur fertilité. Alors, comment se débrouillaient-elles pour se protéger d’une éventuelle grossesse ? On peut dénombrer autant de recettes et de procédés plus ou moins saugrenus depuis l’antiquité qui prouvent l’inventivité humaine, mais qui se sont soldés par un nombre incalculable d’échecs et de grossesses non désirées !
Historique des méthodes de contraception plus ou moins extravagantes :
Le plus ancien document écrit traitant de la contraception, le Kahun Papyrus, remonte à quatre mille ans — tout de même ! — et décrit des contraceptifs à base de levain. Il s’agissait de suppositoires vaginaux à base de pâte de levain et d’excréments séchés de crocodile… beurk !
Des textes remontant à l’Antiquité font aussi référence à quantité de potions ou d’infusions à ingurgiter faites à partir d’écorces de différents arbres, de jaune d’œuf, de bave de chameau, de plantain ou de safran. Des dilatateurs et des curettes, finalement assez proches des instruments employés de nos jours, ont été retrouvés dans les ruines de Pompéi. D’autres techniques de contraception faisaient appel à la saignée, aux diaphragmes en métal ou en verre, à du coton trempé dans du jus de citron, du poisson séché et même du mercure.
Au XIIIe siècle, la médecine extravagante de l’époque recommandait la recette suivante que de nombreuses femmes appliqueront pendant longtemps : « Si une femme boit le matin pendant trois jours de l’eau dans laquelle les forgerons ont refroidi leurs pinces, elle deviendra définitivement stérile. » Au XVIIIe siècle, on dit que Don Juan le fourbe passionné donnait à ses amantes des petites boules d’or qu’elles glissaient dans leur vagin et qui étaient censées empêcher la fécondation. Hum, hum… Je crois que Don Juan remporte la palme du plus gros mytho.
Les premières traces de condoms remontent à l’Égypte ancienne : des préservatifs en lin, en peau de mouton ou de chèvre et même en peau de serpent furent utilisés dans différentes sociétés antiques. Les Romains et les Grecs ont développé des modèles réutilisables plusieurs fois, à partir d’intestins ou de vessies d’animaux. Pour freiner la fertilité, ils portaient également des amulettes faites d’une dent d’enfant, d’une bille de marbre, d’un morceau de foie de chat ou d’une matrice de lionne.
Mais la plus ancienne et la plus durable des techniques contraceptives est celle du coïtus interruptus ou méthode du retrait : c’est quand l’homme se retire au moment de l’éjaculation. Ce n’est pas forcément la méthode la plus agréable à pratiquer, mais elle est aujourd’hui toujours utilisée dans certains cas. Elle connaît un taux d’échec d’environ 20 %.
Comment faisaient nos grands-mères et arrières grands-mères ?
Nos ancêtres ne connaissaient pas encore nos techniques modernes et les femmes ignoraient tout de leur cycle… La méthode du retrait dont la fiabilité était très aléatoire était encore couramment utilisée, ou encore des préservatifs en peau de porc (miam !).
En 1844, le développement du caoutchouc vulcanisé par Goodyear est une révolution dans la production de préservatifs : on n’utilise plus d’entrailles animales et la production de masse devient possible. Le préservatif en latex est créé en 1880, il donne le confort d’une seconde peau, est lavable après usage et garantie 5 ans. Enfin le premier préservatif lubrifié apparaît et sera commercialisé en 1961.
C’est également dès la fin du XIXe que de réels progrès sont accomplis. Inventé en 1880, le diaphragme en caoutchouc épais devait être placé de manière à recouvrir le col de l’utérus. Puis la science a fait des progrès et s’est enfin intéressée au cycle féminin : en 1924 est apparue la méthode Ogino, déjà une petite révolution pour les femmes à l’époque. Cette méthode entièrement naturelle s’appuyait sur le calcul statistique du cycle avec une évaluation prospective de la date de l’ovulation à venir, basée sur la longueur moyenne des cycles précédents. Mais un cycle plus court ou plus long pouvait surprendre, entraînant un mauvais ciblage de la période fertile supposée. L’ovulation peut être avancée ou retardée par une émotion, un voyage, une maladie ou bien un simple rhume. Eh oui, les femmes ne sont pas des machines ! Cela nécessitait donc beaucoup de rigueur et n’était pas simple à gérer. Il y eu pas mal de bébés Ogino !
Avec une politique pro-natalité, une vague de naissance a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 50-60, appelée le Baby Boom. Il était important de repeupler la France d’après-guerre. Les familles nombreuses étaient courantes à cette époque, ce qui explique pourquoi on a autant d’ancêtres, d’oncles et tantes. En plus nos grand-mères se mariaient beaucoup plus jeunes qu’aujourd’hui et avaient leur premier enfant à 24 ans en moyenne (aujourd’hui, c’est à 28,5 ans). Comme la fertilité est la plus abondante entre 25 et 35 ans, les naissances multiples étaient très courantes !
Ouf, tout cela a progressé !
Depuis, les techniques scientifiques ont évolué, le cycle de la femme est mieux connu, la pilule et le préservatif sont des usages courants. La femme a acquis une autonomie sexuelle et une vraie liberté de procréer et la science l’a beaucoup aidée dans le domaine de la maîtrise de la fertilité ; elle a un vaste éventail de modes de contraceptions selon sa situation, son idéologie et son idéal de vie et les hommes sont enfin également investis dans ces choix. Les techniques ne cessent de progresser dans ce domaine : en commençant par les nombreux moyens chimiques dont le plus connu, est la pilule, en passant par les méthodes mécaniques comme les préservatifs féminins et masculins, jusqu’aux méthodes naturelles et écologiques qui se sont particulièrement perfectionnées et même mises au numérique. On vous en parle dans un prochain article !